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On refait le film !
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  • On refait le film avec une mauvaise foi pas possible ! Le septième art dans toute sa diversité. Critiques, jeux, analyses en images, débats, échanges d'idées. Du cinéma pour le plaisir et la réflexion...
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12 janvier 2006

JARHEAD – la fin de l’innocence de Sam Mendes (2005)

Avec : Jake Gyllenhaal, Jamie Foxx, Peter Sarsgaard, Skyler Stone, Wade Williams, Katherine Randolph, Laz Alonso, Sam Rockwell, Jocko Sims, Rini Bell, Lucas Black, ...

Synopsis

animation_jarehead

Été 1990. Anthony Swofford, fils et petit-fils de militaires, vient tout juste de fêter son vingtième anniversaire lorsqu'il est envoyé dans le désert saoudien. La Guerre du Golfe vient d'éclater, son bataillon de Marines est parmi les premiers à se déployer dans cette aride et immense étendue de sable. Pour ces jeunes déracinés, gavés d'images et de phraséologie guerrières, ivres de rock et de bière, commence alors la longue et dérisoire attente d'un ennemi fantôme...

18457800Pensées subjectives

A la vision du film, je me suis demandé quel en était le but.  A écouter les propos de Sam Mendes, il faut croire qu’il existe un film dans le film, avec un propos qui en cache un autre.

Sam Mendes : « Ce récit de guerre qui ne ressemblait à aucun autre, nous parle d’une guerre qui ne ressemblait à aucune autre. Pouvait-il donner naissance à un film de guerre qui ne ressemblait à aucun autre ? ».

Sam Mendes, lucide, avec cette obsession de ne pas faire un film de plus.  Au lieu d’éluder cette question importante, ildesert_20storm va plonger dedans afin d’éviter les comparaisons.  « Jarhead », c’est avant tout un positionnement cinématographique par rapport aux autres films du genre.  Comment faire aussi bien que Coppola et « Apocalypse Now », Cimino et « Voyage au bout de l’enfer ».  Pour celui qui veut exister, il est important de se situer par rapport à ces monstres sacrés et de trouver son indépendance, son originalité, et surtout, son authenticité.  Mendes va travailler doublement autour du thème de la frustration.  La frustration du cinéaste dans cette difficulté d’exister cinématographiquement, la frustration du cinéaste et du soldat de ne pas pouvoir se battre en se confrontant directement à « l’ennemi ».  Pas d’ingrédient pour faire « une guerre spectacle », « un film de guerre spectacle ».   Alors, on observe le poids du passé en chantant en cœur le Wagner de Coppola.  On tente de tuer la frustration en coupant « Voyage au bout de l’enfer » avec un film porno.  On intègre l’ennemi pour mieux le combattre.  Et le soldat, lui, dénominateur commun entre toutes les guerres, de constater, impuissant, ce poids du passé sur ses épaules.  Le passé et cette maudite guerre du Vietnam, fascinante et frustrante à la fois.  On écoute, dépité, encore et toujours la musique des Doors.  On observe, sans voix, un vétéran du Vietnam entrer dans le bus du retour. Cette guerre qui permettait aux cinéastes de faire des films puissants et aux soldats de tirer des balles sur l’ennemi.  Extraordinaire scène où Peter Sarsgaard hurle son désespoir de ne pas pouvoir tirer cette maudite balle sur l’ennemi.  Et Mendes de réussir SA scène d’anthologie, SON film de guerre, avec cette capacité retrouvée de « American beauty », de saisir parfaitement l’atmosphère propre à son époque.

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Commentaires
C
Je viens de le voir ENFIN (vive canal plus quand même ^^) Et je l'ai trouvé excellent! la frustration, l'attente, c'est vraiment un film de guerre pas comme les autres (et pourtant je suis pas trop "film de guerre" en fait)Sam Mendes est à suivre, sans aucuns doutes.<br /> <br /> Bonne soirée Chris =)
A
j'ai adoré ce film. Raisons : la réalisation, le message du film, les acteurs (Jamie foxx en chef d'une troupe de marins, ça pète ! mention spéciale à peter sarsgaard qui tient tjs les seconds rôles), la BO, la photo. pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, je conseille ce film.<br /> <br /> Chrislynch, je t'attends sur mon blog pour me faire part de ton opinion sur la création d'un blog de réliques. merci<br /> <br /> s'il y a des intéressés pour participer à un blog de répliques, allez sur mon blog : alicis.skyblog.com<br /> <br /> faites passer le message. merci
C
Je suis extrêmement proche de cet avis, Bastien ;-) Très belle argumentation, au passage ,-)
B
Je te poste ma critique complète du film ^^<br /> <br /> Un retour en force du brillant cinéaste Sam Mendes que ce Jarhead.<br /> Il faut dire qu’en signant American Beauty, ce petit génie frappait un grand coup dans le paysage cinématographique américain, laissant présager une carrière exceptionnelle. Malheureusement, en dépit de ses qualités, Les sentiers de la perdition, son film suivant, divisa nettement plus la critique et le public. C’est donc avec une certaine appréhension que l’on pouvait attendre son nouveau film, qui plus est parlerait de la première guerre du Golfe alors que Bush Jr envoie encore et toujours les fils de la patrie se faire massacrer en Irak…<br /> Pas fou pour un sou, Mendes sait qu’il joue gros avec ce film, qu’il détient un scénario en or et qu’il ne tient qu’à lui d’en faire un chef-d’œuvre. Problème de taille : comment faire un film de guerre qui ressorte vraiment du lot ? En acceptant les influences sans pour autant délaisser son propre style bien sûr. Sous formes d’hommages indirects, Mendes salue Apocalypse Now, Voyage au bout de l’enfer, Full Metal Jacket… Des films de guerre peu spectaculaires, jouant surtout sur l’aspect psychologique des personnages et l’impact du Vietnam sur leur vie. Jarhead s’inscrit donc dans la même lignée, où l’action est plutôt rare, où il s’agit plutôt d’un portrait au vitriol d’une guerre inutile, rapide et où les acteurs n’ont qu’une option : donner le meilleur d’eux-mêmes.<br /> Après une intro digne de maître Kubrick, Mendes plonge rapidement son héros dans l’enfer de la préparation militaire, dans un monde qui pue la fierté masculine mais qui met aussi en avant toutes les tares de ces « têtes de bocaux » machos jusqu’au bout. Et c’est quand on craint de tomber dans le produit calibré « nationaliste sensé attirer les jeunes à s’inscrire dans les Marines » que Mendes prouve qu’il a du talent, du génie de contourner les facilités narratives et les faiblesses scénaristiques. En effet, ici pas de fusillade, de massacre sanglant à la Platoon ; tout comme Swofford, on attend. On attend que quelque chose arrive, on attend que tout commence à exploser pour foncer dans le tas… et on fini par attendre calmement la fin de tout ça. A la différence près que nous, on adore ça. <br /> Mendes ne prend donc pas le pari de révolutionner le genre ; il veut simplement faire un film unique sur une guerre qu’il ne l’était pas moins. Sans insister sur l’aspect communicationnel raté de la guerre du Golfe, Mendes démontre minute par minute la fugacité du conflit, l’ignorance qu’en avait le monde entier à l’époque et notamment les Marines envoyés. A la manière d’un American Beauty, Jarhead conte une histoire banale, celle d’une tête brûlée façonnée par un patriarcat militaire qui se rend compte qu’être un pro de la gâchette est une chose, être une machine de guerre en est une autre. En privilégiant les doutes, les angoisses du héros, Mendes offre un visage humain et surtout universel à Swofford, permettant une identification du spectateur… par moments. Car la petite touche particulière, c’est de troubler le spectateur au point de ne plus savoir si l’on doit pleurer avec lui sous la douche avec en musique de fond Something in the way de Nirvana, imaginer la bonne partie de rigolade sous Don’t worry be happy ou le haïr quand il pète un plomb avec le petit bleu qui a fait le tour de garde à sa place…<br /> Il convient, pour ce, de saluer les interprétations du trio vedette (Jake Gyllenhaal – Peter Sarsgaard – Jamie Foxx) réellement saisissant, chacun explosant tour à tour d’intensité (le monologue de Foxx sur son amour de l’armée, la frustration de Sarsgaard de ne pouvoir tuer un seul soldat irakien…) où Gyllenhaal, monument d’émotion à lui seul, parvient difficilement à les ecclipser malgré sa prestation exemplaire. De la nouvelle génération d’acteur, il s’agit certainement d’un des chefs de file…<br /> Et on évitera de saluer un montage irréprochable et une b.o. pour le moins originale, calibrée pour le film tant elle offre une palette d’émotions différentes.<br /> Sans renier ses inspirations diverses, Jarhead trouve son propre chemin dans le film de guerre, et s’il ne parvient pas à retrouver la classe intégrale d’American Beauty, il peut se vanter de retrouver les grands éléments : des interprétations très justes, un scénario impeccable et un Mendes en grande forme, finalement à l’aise dans tos les genres de films ; un nouveau Kubrick serait-il en train de naître sous nos yeux ?<br /> Note : ****
M
Bravo pour ton article! Je n'avais pas vu le travail de Mendes sous cet angle. Pour moi Jarhead est un très bon film, le premier film de guerre qui m'ait plu. Je n'ai jamais aimé Apocalypse Now et je ne chagerai probabelement pas d'avis. Mais ton article m'a ouvert les yeux. "On tente de tuer la frustration en coupant « Voyage au bout de l’enfer » avec un film porno." Très bonne analyse!
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