JARHEAD – la fin de l’innocence de Sam Mendes (2005)
Avec :
Jake Gyllenhaal, Jamie Foxx, Peter Sarsgaard, Skyler Stone, Wade Williams, Katherine Randolph, Laz Alonso, Sam Rockwell, Jocko Sims, Rini Bell, Lucas Black, ...
Synopsis
Été 1990. Anthony Swofford, fils et petit-fils de militaires, vient tout juste de fêter son vingtième anniversaire lorsqu'il est envoyé dans le désert saoudien. La Guerre du Golfe vient d'éclater, son bataillon de Marines est parmi les premiers à se déployer dans cette aride et immense étendue de sable. Pour ces jeunes déracinés, gavés d'images et de phraséologie guerrières, ivres de rock et de bière, commence alors la longue et dérisoire attente d'un ennemi fantôme...
A la vision du film, je me suis demandé quel en était le but. A écouter les propos de Sam Mendes, il faut croire qu’il existe un film dans le film, avec un propos qui en cache un autre.
Sam Mendes : « Ce récit de guerre qui ne ressemblait à aucun autre, nous parle d’une guerre qui ne ressemblait à aucune autre. Pouvait-il donner naissance à un film de guerre qui ne ressemblait à aucun autre ? ».
Sam Mendes, lucide, avec cette obsession de ne pas faire un film de plus. Au lieu d’éluder cette question importante, il va plonger dedans afin d’éviter les comparaisons. « Jarhead », c’est avant tout un positionnement cinématographique par rapport aux autres films du genre. Comment faire aussi bien que Coppola et « Apocalypse Now », Cimino et « Voyage au bout de l’enfer ». Pour celui qui veut exister, il est important de se situer par rapport à ces monstres sacrés et de trouver son indépendance, son originalité, et surtout, son authenticité. Mendes va travailler doublement autour du thème de la frustration. La frustration du cinéaste dans cette difficulté d’exister cinématographiquement, la frustration du cinéaste et du soldat de ne pas pouvoir se battre en se confrontant directement à « l’ennemi ». Pas d’ingrédient pour faire « une guerre spectacle », « un film de guerre spectacle ». Alors, on observe le poids du passé en chantant en cœur le Wagner de Coppola. On tente de tuer la frustration en coupant « Voyage au bout de l’enfer » avec un film porno. On intègre l’ennemi pour mieux le combattre. Et le soldat, lui, dénominateur commun entre toutes les guerres, de constater, impuissant, ce poids du passé sur ses épaules. Le passé et cette maudite guerre du Vietnam, fascinante et frustrante à la fois. On écoute, dépité, encore et toujours la musique des Doors. On observe, sans voix, un vétéran du Vietnam entrer dans le bus du retour. Cette guerre qui permettait aux cinéastes de faire des films puissants et aux soldats de tirer des balles sur l’ennemi. Extraordinaire scène où Peter Sarsgaard hurle son désespoir de ne pas pouvoir tirer cette maudite balle sur l’ennemi. Et Mendes de réussir SA scène d’anthologie, SON film de guerre, avec cette capacité retrouvée de « American beauty », de saisir parfaitement l’atmosphère propre à son époque.