ED WOOD de Tim Burton (1994)
Avec :
Johnny Depp, Martin Landau, Sarah Jessica Parker, Patricia Arquette, Jeffrey Jones, G.D. Spradlin, Vincent D'Onofrio, Bill Murray, Mike Starr, Max Casella, ...
Edward Wood Junior, calamiteux metteur en scène n'a qu'une idée en tête : faire des films ! Ni idées, ni talent, ni scénario ne le motivent si ce n'est l'envie de diriger des acteurs, qu'importe le résultat. Etant rejeté de toutes parts, il trouve un moyen de convaincre d'éventuels producteurs en se servant de l'acteur Bela Lugosi que tout le monde croyait mort.
Ed Wood, personnage immergé dans un monde de rêves, en adéquation avec l’univers de Burton. De Pee-Wee à Charlie, en passant par Ed Wood, tous ces personnages sont issus d’un monde décalé et irréel. Mais ici plus que jamais, Tim Burton utilise une marionnette dans son théâtre imaginaire en prenant Ed Wood, un personnage « vrai » davantage ancré dans le monde réaliste que dans le monde fantastique.
Ed Wood, le double de Tim Burton, la lucidité en moins. A l’opposé d’Ed Wood, Tim Burton, dans sa volonté de plonger corps et âmes dans les mondes irréels, ne perd jamais le nord. Tim Burton possède cette capacité incroyable de pouvoir se regarder, de mettre sa folie face à un miroir pour ne pas sombrer dans une folie totalement opaque avec le public. « Ed Wood » est la représentation lucide et réaliste de l’intérieur en folie de Tim Burton.
Dans cette lucidité, dans cette comparaison entre lui et Ed Wood, Tim Burton aurait pu pécher par complexe de supériorité. Mais ce qu’il y a de remarquable dans ce travail, c’est que le cinéaste emprunte les chemins inverses de la moquerie ou de la surestimation. Le regard porté sur son double raté étonne par son intense compassion, son humanité. Le fait de rater ou de réussir n’intéresse nullement le cinéaste. Il le montre très bien dans une scène où il met Ed Wood face à Orson Welles, indiquant que ce qui compte avant toute chose, c’est de ne pas dépasser les limites de la concession et du respect de soi-même. Ed Wood, Orson Welles, Tim Burton, même combat pour l’amour de l’art cinématographique. Œuvre très sincère, bourrée d’humanité.