LE BAL de Ettore Scola (1983)
Des hommes et des femmes se retrouvent dans une salle de bal construite dans les années 30. Grâce à des photos, ils se souviennent du passé. Cinquante ans d'histoire vont défiler sous l'égide de la danse : Le Front populaire, la Guerre de 40, la Libération, Mai 68...
Mon avis
Pour Scola, "Le bal", est un film muet dont les dialogues existent au travers des sourires, des mouvements, des musiques.
Une audace incroyable, presque insensée, d’adapter ce spectacle théâtral, avec un lieu unique, aucun dialogue et uniquement de la musique comme décor sonore. Un pari fou que seul un maître du septième art pouvait réussir. Le résultat dépasse tous les espoirs : le réalisateur parvient à créer une œuvre universelle proposant un demi siècle d’Histoire d’un point vue inédit, mélangeant habilement le sourire et la gravité, comme dans ses films précédents.
Des hommes et des femmes dans une salle de bal, qui voient défiler les années devant eux, avec leur drame et leur plaisir, au gré des modes musicales en mouvement. Des chansons qui passent de mode en mode, rappelant de grands moments d’Histoire, génératrices de souvenirs et de nostalgie. Les couples se forment puis se détruisent pendant que l’histoire, elle, se tisse irrémédiablement.
Scola, le cinéphile passionné, qui tourne en décor unique dans les studios de Cinecittà. L’occasion ou jamais pour le metteur en scène de rendre hommage au muet et aux pionniers du septième art comme Chaplin, Fred Astaire et Ginger Rogers, Gabin, etc.
Coté technique et mise en scène, Scola aura complètement fait oublié le problème du décor unique et de l’immobilisme qui peut en découler. Par un montage et des mouvements de caméra subtils, des musiques récurrentes, des teintes de couleurs différentes, Scola parvient à donner du mouvement en permanence et éviter complètement l’aspect théâtral. Grâce à la magie de sa caméra, la salle de bal devient une entité vivante et véritable vedette du récit.
« Le bal » connaît un vif succès auprès du public et des critiques, raflant trois Césars et une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger. Impossible de faire plus original que ça !