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On refait le film !
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  • On refait le film avec une mauvaise foi pas possible ! Le septième art dans toute sa diversité. Critiques, jeux, analyses en images, débats, échanges d'idées. Du cinéma pour le plaisir et la réflexion...
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23 novembre 2005

CACHE de Michael Haneke (2003)

Avec : Juliette Binoche, Daniel Auteuil, Maurice Bénichou, Annie Girardot, Walid Afkir, Daniel Duval, Bernard Le Coq, Aïssa Maïga, Denis Podalydès, Nathalie Richard, ...

Synopsis 184425872

Georges, journaliste littéraire, reçoit des vidéos - filmées clandestinement depuis la rue - où on le voit avec sa famille, ainsi que des dessins inquiétants et difficiles à interpréter. Il n'a aucune idée de l'identité de l'expéditeur.  Peu à peu, le contenu des cassettes devient plus personnel, ce qui laisse soupçonner que l'expéditeur connaît Georges depuis longtemps.
Georges sent qu'une menace pèse sur lui et sur sa famille, mais comme cette menace n'est pas explicite, la police lui refuse son aide...

michael_haneke_1Mon avis

L’idée de point de départ ressemble comme deux gouttes à celle de « Lost Higway » de David Lynch : un couple reçoit une cassette vidéo anonyme.  On pourrait se poser quelques questions sur cette similitude scénaristique tout en convenant que l’idée même d’une cassette vidéo anonyme offre au cinéaste autrichien une grande opportunité de renouer avec ses thématiques habituelles sur les manipulations de tous ordres.  Il est vrai aussi que les deux cinéastes, Haneke et Lynch, travaillent dans un même sens narratif où il est toujours question de regarder au-delà des apparences pour remonter à l’image de ce qui est caché.

cache_202« Caché », analyse et récit sur le voyeurisme et également sur le sens accordé à l’image, qui induit un symbole de vérité et/ou de mensonge.  « Caché », ce qui nous est caché avant qu’une caméra irrespectueuse de l’intimité, celle de Haneke, vienne bousculer le quotidien pour faire remonter à la surface ce que d’aucun voulait oublier ou cacher.  A chaque fois dans ses films, Haneke se pose comme regard extérieur et analytique de ce qu’il montre, un peu comme le faisait Stanley Kubrick, en distanciation complète de la narration qu’il propose.  C’est ainsi qu’il a pu avec « Funny games », offrir une observation froide sur le thème de violence à l’image, comme l’avait fait Kubrick pour « Orange mécanique ».  Une façon de faire qui tente de tuer la possibilité de voyeurisme chez le spectateur en lui proposant une réflexion sur son propre mécanisme de voyeur.  Haneke offre plus de question que de réponse.  Déjà dans « Benny’s video », le cinéaste abordait sa réflexion sur les symboliques de l’image en posant quelques questions.  Que signifie l’image proposée ? Quelle crédibilité lui accorder ? 

Dans « Caché », Haneke va aborder ces deux dernières questions autant dans le fond que dans la forcannes_cacheme. Que signifie en réalité cette caméra qui observe longuement une maison en début de film ? Est-ce un personnage qui observe et filme cette maison ou est-ce, et c’est plus vraisemblable, simplement la caméra du metteur en scène ? Un plan fixe très long, qui observe et filme des personnages fictifs, manipulés par un personnage réel qui est Haneke lui-même.  L’idée de mélanger ainsi fiction et réalité est extrêmement audacieuse et entre complètement dans la réflexion du cinéaste sur cette obsession de se distancier en permanence.  Bien sûr on entre ici dans un langage cinématographique intellectuel qui oblige le spectateur à lui-même se distancier de ce qu’il regarde.  C’est bien sûr intéressant et pas de tout repos.

Une façon de travailler qui ressemble à de la démonstration et de l’exercice de style qui invite à la froideur en intellectualisant les sensations que l’on éprouve.  Autant l’exercice de style peut enchanter, autant la démonstration peut sembler lourde.  L’idée du plan fixe est excellente, mais qu’est-ce qu’il est long et ennuyeux. Là où Haneke pouvait suggérer sa manipulation tout en finesse dans ses films précédents, ici il est lourd dans ses analogies grossières qui viennent peser sur un scénario qui n’est qu’un prétexte à la démonstration.  Car Haneke a tenté, sans grande réussite, à relier la forme au fond, avec une histoire de culpabilité enfouie entre un français et un algérien qui se résume par cette phrase du film : « on ferait tout pour ne rien perdre ».  Se faisant, Haneke t_0_1020_470285_001tente d’élargir sa thématique sur un problème plus universel se situant sur le rapport de culpabilité qui existe entre la France et l’Algérie, et plus globalement entre les pays riches et les pays pauvres, entre les riches et les pauvres.  A nouveau, la tentative est excellente mais elle est tellement amenée avec les grosses ficelles de séquences redondantes (exemple : Auteuil se heurte avec un noir dans la rue avant même que l’on apprenne sa culpabilité avec le petit algérien), souvent vulgairement dans le film, que tout l’édifice prend l’eau.

« Caché », un mélange de performance et de grossièreté narratives, où le metteur en scène s’est perdu dans sa froideur intellectuelle.

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Commentaires
C
"Funny games', très bon choix !!!
T
Moi je préfère commencer par "Funny games"...
M
J'ai vu tous les films d'Haneke, mais je n'ai pas encore regarder "Caché".<br /> Je commence à connaitre, presque à la perfection les messages subliminaux cachés dans ses films, donc je ne pense pas être déçu après que j'aurais vu "Caché".<br /> J'attends de voir pour faire ma critique, mais à mon avis, on est en face d'un grand film.<br /> <br /> Mike
C
Quand il tourne avec des grands cinéastes, je suis bien obligé de me le coltiner... mdr
J
on va voir des films avec daniel auteuil mantenant ;-)<br /> mais comme je t'aime toi :-)<br /> (et lui aussi!!)
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