AUDITION de Takashi Miike (1999)
Avec : | Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Jun Kunimura, Tetsu Sawaki, Miyuki Matsuda, ... |
Un producteur de télévision, veuf depuis plusieurs années, se décide à se remarier. Il organise un faux casting pour trouver sa future femme. Il trouve la femme parfaite, mais celle-ci va l'entraîner dans l'horreur et la terreur.
Cette oeuvre tout à fait originale intègre le cercle très fermé des films qui observent la violence en distanciation. A cet égard, « Audition » peut être assimilé à des œuvres telles que « Orange mécanique » de Kubrick, « Délivrance » de Boorman, « L’anguille » de Imamura (dont Takashi Miike a été l’assistant) ou encore « Funny games » de Haneke. Magré de très hautes qualités de narration, cette réalisation qui lorgne dans la même direction que ses illustres prédécesseurs, n’atteint pas pour autant leur analyse glaciale car Takashi Miike joue parfois de trop près avec « le voyeurisme sur la violence ». Pour faire aussi fort que ses prédécesseurs de génie, Takashii Miike aurait sans doute dû maintenir ses ardeurs sur quelques moments maladroits de plaisir coupable en évitant de surjouer de violence gratuite. Mais là, on parle de la crème de la crème du septième art et ç’est déjà pas mal d’être arriver à cette performance, d’autant plus que cette observation cinématographique en distanciation n’est pas la seule qualité de ce film.
« Audition » propose quelque de chose de remarquable et d’assez inédit en ce sens qu’il tente de se mettre à la place de la souffrance des femmes et en l’occurrence de leur humiliation au quotidien par rapport au mâle dominateur. Pour beaucoup, le film est d’ailleurs considéré comme féministe. En proposant ce point de vue très original, le réalisateur intègre sa narration dans le genre universel humaniste en proposant d’attaquer l’égoïsme et la supériorité masculine de plein fouet. En matérialisant ce sentiment de frustration féminine, le réalisateur frôle parfois avec la notion de vengeance et tombe donc également dans une forme de facilité de narration. L’intention est magnifique, sa traduction en image un peu moins.
Pour emballer tout ça, Takashi Miike fait preuve d’une grande aisance et de beaucoup d’audace à la mise en scène et dans sa structure narrative. Le film peut se découper en deux parties, avec une entrée en matière plutôt classique et une fin complètement folle.
Voilà un metteur en scène extrêmement intéressant, innovateur dans la manière de montrer et de parler, osant attaquer les tabous de société, mais coupable néanmoins de quelques dérapages gratuits. Un film qu’il faut voir néanmoins car ses nombreuses qualités dépassent de loin ses faiblesses, avec un réalisateur tout à fait original.