THE TASTE OF TEA de Ishii Katsuhito (2003)
Avec : | Sato Takahiro, Maya Banno, Tadanobu Asano, Anna Tsuchiya, Satomi Tezuka, Tatsuya Gashuin, Takahiro Sato, ... |
Les Harunos sont une famille tous ce qu’il y a de plus normal, ou presque… Ils habitent dans les alentours de Tokyo, dans une banlieue campagnarde comme il y en a beaucoup. Leur vie est tranquille et évolue au gré d’une douceur naturelle que beaucoup, de l’extérieur, pourront juger banale. Mais chaque membre de la famille cache en lui son petit grain de folie. Chacun a son monde intérieur, lieu secret où il s’épanouit dans le magique d’une réalité parallèle. Parmi eux, il y a Sachiko qui du haut de ses six ans est la plus jeune de la famille. La fillette a bien du mal à se débarrasser de sa jumelle imaginaire géante qu’elle voit ci et là apparaître à ses côtés. Son jeune frère, lui, est en proie à l’ivresse de l’amour et pour calmer ses ardeurs juvéniles il a choisit d’arpenter de façon obsessive la campagne sur son vélo. Il y aussi la mère qui s’est lancée dans l’écriture d’un anime et n’a de cesse que de vivre son travail au fur et à mesure qu’elle le dessine. Il y a aussi le père, le grand frère, le très excentrique grand-père, un mystérieux yakusa ensanglanté revenu des morts, un joueur de base-ball au frappé surhumain et toute une galerie de personnage tous plus différents et décalés les uns des autres. Mais, bien sûr, cela est une autre histoire…
Ce cinéaste japonais est complètement inconnu chez nous. Ces deux premiers longs-métrages restent inédits chez nous. On le connaît seulement pour avoir signé la sublime séquence animée de « Kill Bill vol 1 » retraçant l'enfance douloureuse d'O-Ren Ishii.
Autant l’annoncer d’entrée, « The taste of tea » est une bombe atomique cinématographique qui propose de l’audace tout azimut relié à un fond très important.
Le film est difficile d’accès et il faut rester concentré pour pouvoir suivre. Si vous êtes fatigué, passez votre tour. Mais en pleine possession de ses moyens, cette œuvre d’une très grande originalité offre un spectacle multipiste ahurissant.
Le récit propose de relier le plus petit élément à l’universel en se basant sur une famille normale japonaise. Le maître mot de cette œuvre est le LIEN. Tout est question de lien dans la structure narrative. Chaque élément, chaque personne, malgré leur liberté d’action est relié à un autre élément, une autre personne et surtout à l’universel. Cette narration se rapproche de ce point de vue très précis de films tels que « Georgia » d’Arthur Penn, « 2001 » de Kubrick, « L’homme qui rétrécit » de Jack Arnold ou encore « Eraserhead » de David Lynch. Des chefs-d’œuvre qui reliaient l’homme à l’universel de façon sublime. Et bien « Taste of tea » n’a pas à rougir de se retrouver dans cette catégorie de monument historique du septième art !!!
Dès les premières secondes, on ressent qu’ Ishii Katsuhito cherche à en imposer par une audace formelle tout à fait incroyable, se jouant d’une grammaire cinématographique qu’il semble dominer de fond en comble.
Inattendu, surprenant, véritable trésor cinématographique, qu’il faut approcher à la fois avec un esprit ouvert et concentré. « The taste of tea » ou quand le quotidien devient sublime et important.