L’EQUIPIER de Philippe Lioret (2003)
Avec:
Sandrine Bonnaire, Philippe Torreton, Grégori Derangère, Emilie Dequenne, Jean Sénéjoux,
Camille arrive à Ouessant, son île de naissance, pour y vendre la maison familiale qui n'est plus aujourd'hui qu'une maison de vacances. Yvon, son père est mort il y a dix ans et Mabé, sa mère, l'an dernier. Camille et Jeanne, sa tante, vont passer une dernière nuit dans la maison. Pour Camille se sera une nuit blanche car elle va y découvrir un secret...
Mon avis
Gardien de phare, tout de même un métier qu’il n’est pas fréquent de rencontrer dans le récit littéraire ou cinématographique. Une profession, un lieu original donc, qui suggère l’intimité et la densité du récit. L’occasion aussi de parler d’une activité du passé et des gens qui l’incarnaient dans les années soixante. Un travail de mémoire, comme un lien entre hier et aujourd’hui dans un petit bout de France, en l’occurrence l’île d’Ouessant, microcosme insulaire et terre très inhospitalière pour l’étranger. Là, les autochtones pourraient reprendre en cœur cette phrase d’Agecanonix dans « Astérix » : « J’aime beaucoup les étrangers; je compte d’ailleurs certains étrangers parmi mes meilleurs amis… mais ces étrangers-là ne sont pas de chez nous ! ». Un étranger, incarné par Grégori Dérangère, qui va venir comme une boule de bowling dans un jeu de quilles. Un très bon film, qui ne bouleverse pas le septième art, mais bien équilibré entre courts dialogues et silences qui en disent longs. Ah les sublimes regards chaudement suggestifs de Sandrine Bonnaire ! Chaud, très chaud !!! Une très belle distribution avec aussi Philippe Torreton, très crédible dans un rôle de composition et qui n’a pas peur de rendre son personnage longtemps antipathique. Les seconds rôles tels que Emilie Dequenne ou Martine Sarcey, sont très présents également. Un petit film français qui mériterait qu’on le remarque.
Philippe Lioret : "Pour simplifier, disons que c'est l'histoire de deux rencontres croisées, un amour et une amitié, depuis leur naissance jusqu'à leur fin, assez tragique. J'aime les films qui nous hantent longtemps après en nous ramenant à notre propre histoire. Ce film aurait tout aussi bien pu s'appeler "Secret de famille ». Je suis sensible à ça... Qui étaient vraiment nos parents, comment ont-ils vécu ? La maison de notre enfance est souvent le seul dépositaire de cette mémoire. C'est donc un patrimoine aussi précieux que le château de Chambord. Il y a tous nos souvenirs, là-dedans, toutes nos racines."