CHAT NOIR, CHAT BLANC d'Emir Kusturica (1998)
Synopsis
Matko le gitan, vit de petits trafics, et ambitionne le coup du siècle : détourner un train d'essence. Le parrain, ami de 30 ans de son père, lui fournit une mise de fonds. Dadan le bandit déjanté qui s'est refait une santé au rayon coke et techno, lui promet l'achat du butin... et le double sur ce coup, volant la marchandise et réclamant sa dette. Il propose alors de marier Zare, le fils de Matko, à sa soeur cadette, la naine Ladybird...
Mon avis
" Tes parents te regardent de là-haut. Ils ne peuvent rien voir, il y a des nuages ". Après la polémique lamentable sur « Underground » (Merci à Alain Finkelkraut d'avoir flingué le film sans l'avoir vu !) et l'envie d'en finir avec le cinéma, Kusturica délaisse pour un moment la douleur des drames lourds pour s'amuser un peu, pour s'oxygéner, et le moins que l'on puisse dire est qu'il a eu entièrement raison. Ici, un temps des gitans loufoque, bien déjanté, où les scènes burlesques se suivent avec génie : un cochon qui mange une voiture, une soprano obèse qui défonce un clou avec ses fesses, etc. Kusturica plonge dans la légèreté tout en maintenant ses obsessions, et offre une de oeuvres des plus inventives et des plus folles de l'Histoire du septième art. Kusturica est un génie créateur, maintenant c'est certain ! Et quand il est détendu comme pour ce film, il offre un feu d'artifice digne des plus hautes sphères cinématographiques. Le récit se profile comme un conte moderne, lorgnant de très près sur celui de Cendrillon, où le cinéaste répond au désenchantement pas l'enchantement, à la mort par la vie. Un hymne à la vie, au rire et à la joie ! De l'audace cinématographique suprême dans la lignée des Chaplin, Fellini et Lynch ! Dans le cinéma de Kusturica, la vie est toujours un miracle !