L'ESQUIVE de Abdellatif Kechiche (2003)
Avec Osman Elkharraz, Sarah Forestier, Sabrina Ouazani, Hajar Hamlili, Rachid Hami, Nanou Benahmou, Hafet Ben-Ahmed, Aurélie Ganito, Carole Franck, Meryem Serbah, Hanane Mazouz, Sylvain Phan, Olivier Loustau,
A 15 ans, Abdelkrim, surnommé "Krimo", vit dans la banlieue parisienne. Alors qu'il traîne son ennui dans un quotidien banal, en compagnie de son meilleur ami, Eric, et de leur bande de copains, il tombe amoureux de la belle Lydia, qui répète la pièce de Marivaux "le Jeu de l'amour et du hasard". Krimo tente d'intégrer la troupe afin de déclarer sa flamme à Lydia.
Avis
La fin de l'année se profile ; il est temps de revenir sur l'un des très bons films de 2004, certainement un des meilleurs français : « L'Esquive ».
Le réalisateur Abdellatif Kechiche tourne sa caméra vers ces jeunes des cités tant décriées et y pose un regard humain. Oui, ils parlent tous beur même quand aucun de leur ancêtre n'a vécu de l'autre côté de la Méditerranée. Non, leur quotidien n'est pas fait que de violence. Comme tous les autres, ils se rassemblent, ils se parlent, ils s'aiment, ils évitent les ennuis autant que possible. Comme tous les autres, ils vont à l'école ; ils étudient Marivaux. Un Marivaux parfaitement incongru dans leur bouche, comme un intrus. Et pourtant, ces « Jeux de l'amour et du hasard » racontent-ils autre chose que leur quotidien ? Où est le hasard dans l'amour quand les pauvres tombent amoureux des pauvres ? Les pauvres se reconnaissent, ils se sentent, ils se trouvent, même quand ils se déguisent. Parce qu'on n'échappe pas à sa condition sociale.
Marivaux est ce lien entre hier et aujourd'hui, si proche, si loin, un lien si difficile à nouer. Le prétexte pour Abdellatif Kechiche pour nous raconter une histoire d'amour moderne dans les cités. Un récit tenu dans sa structure comme rarement en France, avec en fil rouge ces multiples variations sur le thème de l'esquive. Le tout, servi par une mise en scène simple et efficace. Et tendre. Chapeau bas.