POLLOCK de Ed Harris (2000)
Ce 30 mars à 20h45 sur TPS Home Cinema
New-York, début des années 40. Jackson Pollock, peintre méconnu, vit chez son frère et sa belle-sœur. Peu sociable, il reste enfermé dans sa chambre atelier où il peint toute la journée. Il est remarqué par une autre artiste new-yorkaise, Lee Krasner, qui devient rapidement sa maîtresse, puis sa femme. Lee lui fera rencontrer Peggy Guggenheim, la célèbre collectionneuse, qui verra en Pollock un artiste génial et décidera de l’exposer...
On r'fait le film
Ce qui caractérise cette première réalisation du comédien Ed Harris, c’est la sobriété. Près de dix ans que le comédien mûrissait ce projet sur les quinze dernières années de vie de Pollock. On sent rapidement que le projet lui tient à cœur et qu’il porte une très grande estime à Jackson Pollock. Mais ce peintre, père fondateur de la peinture abstraite américaine, ne possède pas une vie aussi trépidante qu’un Van Gogh, par exemple. Il était donc difficile d’intéresser le public au cinéma en parlant d’autre chose que de son œuvre. Ed Harris va justement trancher dans le vif en choisissant de mettre l’œuvre en évidence, reléguant la vie du peintre en second plan. Il n’existe presque aucun plan où l’on ne voit pas une peinture ou l’artiste en train de travailler.
Pour mettre en avant une partie de la vie de l’artiste peintre, Ed Harris reste discret en tant qu’acteur et en tant que metteur en scène. Il s’agit bel et bien d’un hommage d’un artiste à un autre, frôlant, parfois trop, le documentaire historique froid, même pas élogieux. Un sobriété austère donc, mais qui ressemble finalement beaucoup au tempérament de Pollock, autiste et absorbé par son art. Dans ce même souci de sobriété, Ed Harris réussit à éviter la dramatisation lourde devant les douleurs de l’artiste au travail ou en proie à l’alcoolisme. Le plus souvent, la caméra observe sans bruit les silences équivoques. Une œuvre silencieuse et lente, admirative devant l’art. Une mise en scène sans faille, propre, sans débordement. Le jeu des acteurs va dans le même sens, très sobre et retenu, s’effaçant pudiquement devant la vie des personnages. Un premier essai réussi, auquel il manque un brin d’ambition, d’audace et de folie.
Avec Ed Harris (Jackson Pollock), Marcia Gay Harden (Lee Krasner), Jennifer Connelly (Ruth Kligman), Burt Cort (Howard Putzel), Amy Madigan (Peggy Guggenheim), Jeffrey Tambor (Clement Greenberg), John Heard (Tony Smith), Val Kilmer (Willem Dekooning), Katherine Wallach (Barbara Kadish), Matthew Sussman (Reuben Kadish), Robert Knott (Sande Pollock), David Leary (Charles Pollock)