TAXI DRIVER de Martin Scorsese (1976)
Avec :
Robert De Niro, Cybill Shepherd, Peter Boyle, Jodie Foster, Harvey Keitel, Leonard Harris, Albert Brooks, Garth Avery, Harry Fischler, Peter Savage, ...
Synopsis
Ancien du Vietnam et insomniaque, Travis Bickle devient chauffeur de taxi la nuit dans les bas-fonds new-yorkais. Écoeuré du spectacle dont il est le témoin quotidien, il cherche à s'attirer les charmes d'une jeune femme très différente de sa personnalité, puis prend pitié pour une jeune adolescente prostituée. Repoussé par la première, il sombre dans une folie meurtrière qui le poussera à libérer la seconde des bras de son mac, laissant derrière lui un terrible bain de sang.
Un trio magique : Martin Scorsese, Paul Schrader (à l’écriture) et Robert De Niro ; un mélange explosif comme il n’y en a pas eu beaucoup dans l’Histoire du septième art. J’ajouterai également à ce trio l’apport indéniable de Bernard Herrmann, musicien en titre d’Alfred Hitchcock, qui crée ici sa dernière bande originale très inspirée et suggestive. Le scénario travaille sur une idée de rêve américain brisé, avec à la pointe de son combat, un ange exterminateur. L’ambiguïté du récit nourrit la controverse et ne peut laisser indifférent : fasciné par des thèses fascistes, d’une violence presque gratuite pour les uns, dénonciateur de cette violence pour les autres.
Ecoutons alors Scorsese pour voir ce qu’il en dit : « Je ne savais pas que les personnages que nous avons créés étaient des héros existentiels. Je n'ai jamais pris de cours de philosophie. J'ai toujours cru aux sentiments de ces personnages. Toute cette colère, toute cette rage qui était dans le personnage et que vous espériez exorciser de votre système en faisant le film reste présente en vous! Faire le film aide, mais ça ne suffit pas. Bickle se situe quelque part entre Charles Manson et Saint Paul ».
Mais l’ensemble de l’oeuvre, d’une densité extraordinaire, reste culte encore aujourd’hui, sans doute parce que ce film est parvenu à identifier et retranscrire l’atmosphère malsaine qui régnait à l’époque dans une Amérique à peine sortie de la guerre du Vietnam et fragilisée par le scandale de l'affaire Watergate, par les irruptions de violence et les assassinats politiques crapuleux comme ceux de John F. Kennedy, Robert Kennedy, Martin Luther King et Malcolm X. Un monde où les repères n’existaient plus… En apothéose, La prestation hallucinée et époustouflante de Robert De Niro comme par exemple la scène du miroir, avec le « You're talking to me ? » mémorable, réplique culte pour l’éternité.