JE NE SUIS PAS LA POUR ETRE AIME de Stéphane Brize (2004)
Avec :
Patrick Chesnais, Anne Consigny, Georges Wilson, Lionel Abelanski, Cyril Couton, Geneviève Mnich, Hélène Alexandridis, Anne Benoit, Olivier Claverie, ...
50 ans, huissier de justice, le coeur et le sourire fatigués, Jean-Claude Delsart a depuis longtemps abandonné l'idée que la vie pouvait lui offrir des cadeaux. Jusqu'au jour où il s'autorise à pousser la porte d'un cours de tango...
Des personnages simples, des situations courantes… monsieur et madame tout le monde filmé dans le quotidien. Pourquoi pas ? D’autres cinéastes ont travaillé sur ce procédé narratif en essayant de s’approcher au plus près d’une réalité quotidienne qui se fait l’écho du vécu de monsieur et madame tout le monde.
Mais quand on veut faire dans l’authenticité, on cherche alors à éviter le cliché. Et le cliché, hélas, est omniprésent dans ce scénario où l’on associe le métier de huissier de justice à de l’inhumanité. En effet, dans la trame narrative, on présente Jean-Claude Delsart/Patrick Chesnais comme huissier de justice, sec et sans grande humanité. Au moment où il va connaître le sentiment amoureux, il va alors s’humaniser et comprendre qu’il a toujours vécu dans un métier de merde, jusqu’à proposer à son fils de quitter ce boulot d’enfer. Merci pour les huissiers de justice ! Mais comment est-ce possible de tomber dans une caricature aussi grossière ? Stéphane Brize ne s’arrête pas là dans la démonstration ! On va nous montrer par exemple l’éjection d’une femme noire de son appartement pendant que deux policiers s’amusent et rient de leur côté. Si ce metteur en scène possède une qualité, c’est bien celle de plonger en permanence dans le poncif et la caricature !
Le poncif et la banalité où tout ce qui est montré a déjà été vu un milliard de fois au cinéma, avec cette façon déplorable de téléphoner les situations. Tout est commun, attendu, répétitif, long comme ces interminables danses de tango qui n’en finissent pas. C’est mal filmé et la mise en scène est inexistante. Jusqu’à l’ultime seconde de sa narration, le film se nourrira de grossièreté de situation dans son propos, avec en final une proposition de happy end romantique que même le cinéma américain a abandonné depuis des lustres !
Heureusement, un grand comédien est là pour sauver quelque peu le tout du naufrage. S’il existe une qualité à ce film, c’est celle d’avoir permis à Patrick Chesnais, acteur injustement sous-employé par le cinéma français, de se déployer dans le costume d’un premier rôle. Comme d’habitude, il propose un jeu très fin, toujours en déséquilibre entre confiance et hésitation, entre abandon et maîtrise de soi, entre imperméabilité et humanité. Comme il existe du fameux répondant en face de lui, avec Georges Wilson et Anne Consigny, on assiste à un plaisir de confrontation de comédiens qui vient pallier une fameuse déficience de scénario et de mise en scène.