L’ENFANT de Jean-Pierre et Luc Dardenne (2004)
Bruno, vingt ans. Sonia, dix-huit ans. Ils vivent de l'allocation perçue par Sonia, des vols commis par Bruno et les gamins de sa bande. Sonia vient de donner naissance à Jimmy, leur enfant. Comment Bruno peut-il en devenir le père, lui qui est si léger, qui vit dans l'instant, préoccupé uniquement par l'argent de ses trafics?
Le cinéma des frères Dardenne ou un style qui peut faire couler beaucoup d’encre dans des sens opposés. Leur démarche qui consiste à travailler avec peu de moyens, simplement, au plus près de leur réalité est tout à fait louable. Il est certain que leur cinéma se fait écho d’une situation sociale ambiante et le témoin d’une époque. Mais leur style extrêmement proche du documentaire pose le problème de la distanciation au cinéma. Le cinéma ne doit-il pas s’exprimer d’une autre façon qu’un journal parlé ou qu’une émission comme « Strip Tease » ? Impossible de trancher car tous les goûts sont dans la nature. Le cinéma anglais, comme celui de Ken Loach par exemple, travaille dans un même sens que les frères Dardenne, comme un miroir non déformant de la réalité. Pour ma part, je n’adhère pas beaucoup à ce style, trop misérabiliste, sans recul et extrêmement ennuyeux.
Ce qui est dommage dans « L’enfant », c’est que ce film est une redite des metteurs en scènes. A ce rythme, ils vont pouvoir filmer tous les faits divers de leur région sur fond de drame social. « L’enfant » est le frère jumeau de films tels que « Rosetta » ou « La promesse ». Il n’y a strictement rien de différent entre tous ces films. C’est d’autant plus dommage qu’ils avaient réussi avec « Le fils » à se sortir quelque peu du réalisme par une mise en scène en distanciation, comme dans tous ces plans où Oliver Gourmet était filmé de dos par exemple. « L’enfant » ou le symbole de l’immobilisme des frères Dardenne qui s’engouffrent dans leur propre conventionalité. Une Palme d’or pour ça ???