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On refait le film !
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  • On refait le film avec une mauvaise foi pas possible ! Le septième art dans toute sa diversité. Critiques, jeux, analyses en images, débats, échanges d'idées. Du cinéma pour le plaisir et la réflexion...
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16 août 2005

MON TRESOR de Keren Yedaya (2003)

Avec : Ronit Elkabetz, Dana Ivgi, Meshar Cohen, Katia Zinbris, Shmuel Edelman, Sarit Vino-Elad,

Synopsisanimation_mon_tr_sor

Or a 17 ans. Elle et sa mère, Ruthie, vivent dans un tout petit appartement  de Tel-Aviv. C'est la misère. Alors Or cumule les petits boulots, il lui reste peu de temps pour le lycée et surtout peu de disponibilité : sa mère se prostitue et Or utilise toute son énergie à l'en empêcher. Mais Ruthie ne pense qu'à tromper la vigilance de sa fille qu'elle appelle tendrement "ma lumière, mon trésor". Or va ployer sous cette charge trop lourde pour elle : quelle issue lui reste-t-il ?

Mon avis

La  normalité de l’anormalité.  Une sensation que tout peut basculer à tout moment et l’intuition que rien ne changera jamais.  Le quotidien désenchanté, qui se répète jour après jour, heure après heure, seconde après seconde.  Le quotidien gris, perpétuel, infini, où la lueur d’espoir semble vaine et qui finit par user toutes les forces de vie.  Le désespoir et la médiocrité qui se profilent en maître du destin, mécanique, que rien ne semble pouvoir arrêter, et qui a jeté son dévolu sur cette fille et sa mère.  Médiocrité, oui, mais pas vulgarité, car dans cet enfer de vie, il reste encore un semblant de dignité et d’humanité qui se traduit ici par la tendresse des mots, des gestes et des sourires.  Plongée dans le silence de la culpabilité, la mère, zombie de la vie, réussit encore cette ultime communication avec sa fille en l’appelant « Mon trésor ».  Un dernier soupir d’amour avant la chute inexorable vers la mort de la vie, peut-être pour demander pardon de lui avoir transmis le seul bien qu’elle possédait : l’enfer.

Keren Yedaya, observe sans dénoncer, montre sans démontrer, regarde sans juger.  L’œil de réalisatrice israélienne, neutre et glacial, éviter ainsi les discours de l’apitoiement, le mélodrame, une surenchère du misérabilisme. Une mise en scène ultra-réaliste, proche du documentaire, sans concession, qui fait penser au travail des frères Dardenne, avec cette caméra qui semble violer en permanence l’intimité des secrets de la honte.  « Mon trésor » où le regard sobre sur la misère, qui a séduit l’ensemble de la presse, se traduisant par la récompense d’une Caméra d’Or au  festival de Cannes 2004.

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Commentaires
N
Bon encore un film que j'ai pas vu... Le scénario à l'air intéressant et ta critique positive me donne vraiment enie de le voir! Mais je vois que les avis divergent! Surenchère ou pas, maintenant c'est à moi de voir...
E
Personnellement je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi Chris. Pas de surenchère, dis-tu ? Moi j'ai arrêté avant la fin quand justement, je trouvais que ça devenait exagéré. Il n'y a peut-être pas de discours sur la misère mais les séquences s'accumulent, accablantes, comme un longue dégringolade dans un trou sans fonds... Contrairement à toi, je ne trouve pas la comparaison avec les frères Dardenne aussi limpide. Oui, on regarde l'intimité d'êtres sans force. Mais chez les frères Dardenne, l'humain garde son droit à la résistance. Ici, que ces femmes résistent (comme la fille) ou non (comme la mère), l'issue est... sans issue et tout est écrit. La fatalité s'écrase sur les destins de ses sujets. Trop négatif pour moi.
C
Oui Jayjay, très très bien ;-)
J
ah ben tiens je l'ai pas vu !<br /> <br /> sinon le concours d'obédience s'est bien passé?
M
Je me souviens avoirl u la critique des Inrocks qui s'était masturbé comme rarement devant un film en écrivant "il y a quelque chose de politique dans la façon dont les scène dans les escalier sont filmé". N'importe quoi. En tout cas, voivi mon avis complet pour mieux préciser ma pensée :<br /> <br /> <br /> <br /> Bienvenu. Bienvenu dans un monde masochiste. Bienvenu chez la jeune et jolie Or et sa mère Ruthie. Bienvenu dans l'univers cinématographique de Keren Yedaya très sobre mais surtout grotesque. Bienvenu dans l'ambiance glauque de ce film dramatique qui tente de choquer le spectateur avec un scénario calibré pour chahuter le petit bourgeois. Bienvenu dans « Mon Trésor », le film où les personnages préfèrent se faire défoncer la foune (et le trou de balle) plutôt que de gagner de l'argent par des moyens moins malsain.<br /> <br /> <br /> S'il fallait encore une preuve que le Festival de Cannes est un baromètre très relatif de la qualité cinématographique (voir comment les ôôôôteurs abonnés sont systématiquement sélectionné même si le film n'a pas été visionné comme Wong Kar Waï, Almodovar, Haneke...), on pourrait citer ce Mon Trésor à titre d'exemple. Voici le type même du petit film israélien qu'on tente de nous vendre pour un regard tragique sur la situation des femmes à grands coups de scènes glauques et de tragédie tellement grotesque qu'on jurerait le script torché par Lars von Trier. Résumons : à Tel Aviv, nous avons une mère qui se prostitue pour survivre et sa fille qui fait tout pour la soutenir et qui va même jusqu'à l'empêcher de sortir faire le trottoir. Jusque là, ça va. On a un regard touchant sur la prostitution des femmes et ses conséquences sur ce petit foyer insalubre. Le problème, c'est que la réalisatrice va très vite tomber le masque du foutage de gueule (le film a pu se monter grâce à Virginie Despente, ceci expliquant sans doute cela)<br /> <br /> <br /> Parce que pour enfoncer le clou du misérabilisme, elle va nous montrer une mère et une fille dont la fin est tragique : elle vont toutes les deux être prostituées, l'héroïne finissant comme sa mère. Sauf que la réalisatrice-scénariste, dont c'est le premier film, à visiblement du mal à écrire un scénario allant d'un point A à un point B. Son but est de montrer des femmes condamnées à la misère (elle le dit elle-même dans des interviews). Ainsi, le parcours qui va mener Or à la prostitution est tout bonnement grotesque puisque le fatalisme n'est absolument pas présent. Comprendre par là qu'Or a un travail (certes peu enthousiasmant mais un travail quand même). Par la suite, elle trouvera l'amour avec son meilleur ami mais comme le monde est cruel, la mère du copain demandera à ce qu'elle rompe. Mais comme la réalisatrice veut bien enfoncer le clou du « regardez, c'est horrible le destin de cette fille », Or va rompre avec le mec sans lutter (ce qui est en contradiction avec son personnage puisqu'on la voit sans cesse trouver la force d'aider sa mère), sans même s'expliquer, sans qu'on est le point de vue du copain. Mieux, avant même de rompre, elle le trompe avec un ancien coup d'un soir.<br /> <br /> <br /> Pour bien montrer l'absurdité du film, prenant un extrait des propos de son auteur :<br /> "Je ne peux pas être féministe, me battre pour les droits des femmes, tout en fermant les yeux sur l'occupation des territoires et sur la répression dont sont victimes plus de trois millions de Palestiniens. C'est la raison pour laquelle je suggère dans mes films qu'il existe un lien entre ces différents thèmes. Par exemple, dans Mon trésor, le personnage le plus agressif est le soldat qui rejoint Or lors d'une permission de son service militaire."<br /> Keren Yedaya est visiblement atteinte du syndrome « je suis un auteur de cinéma engagé », quitte à défendre son film par des aspects absolument faux de son film. Ainsi, si c'est avec ce soldat qu'Or va tromper son ami, elle n'est absolument pas obligée ni même menacée. Ce soldat ne la brutalise pas et c'est même Or qui prend les devants, ne lui avouant pas qu'elle a quelqu'un pour aller lui tailler une pipe magistrale. <br /> Il y a donc un sérieux décalage entre les propos de la réalisatrice et ce que l'on voit à l'écran.<br /> <br /> <br /> Le fatalisme qu'elle se borne à nous vendre n'est aucunement évident dans le film. Ruthie à beau se prostituer, sa fille parviens tout de même à lui trouver un travail de femme de ménage peut être pas très valorisant (la scène de la bouffe pour chien) mais infiniment plus respectable que la prostitution. Au lieu de ça, Ruthie déclare ne pas vouloir être femme de ménage et repart se faire prendre par des hommes. Si possible des détraqués sexuels. Ce qui nous vaudra des scènes bien craspecs trop sordides pour être honnêtes : les deux alcoolos qui lui prennent le cul dans une ruelle (avec option dégueuli), vagin tellement explosé qu'il pisse le sang... Un tel masochisme chez les protagonistes ne peut que nous en détacher, à tel point qu'on se dit qu'en fin de compte, ces deux femmes méritent bien ce qui leur arrive. <br /> Mon trésor franchit définitivement les limites de l'absurde dans la dernière partie que l'on pourrait intituler « Or est vraiment trop conne ». Ainsi, sous prétexte de nous apitoyer sur le sors de l'héroïne qui voit la déchéance de sa mère, Keren Yedaya nous la montre suivre le même chemin du malheur sans qu'on sache trop pourquoi (après tout, elle a déjà un boulot et semble réussir à l'école, la conseillère d'éducation ayant une forte sympathie pour elle). Et voilà ;la jolie Or qui pompe son ancien militaire, Or qui va voir le propriétaire de l'immeuble (lequel va se masturber et jouir en 10 secondes chrono) puis décide de devenir fille à louer au service de vieux pervers de 60 ans qui aime prendre les filles qui ne se sont jamais fait sodomiser.<br /> <br /> <br /> La réalisatrice veut nous faire le coup du « la vie c'est le désespoir » mais ne parviens jamais à rendre ses personnages crédibles dans leurs attitudes (on passera sous silence le passage du petit ami de la mère qui n'a qu'une scène dans le vent). La fin du film n'arrangera rien, Or retenant une dernière fois sa mère d'aller faire le trottoir puis, n'ayant pas réussis à la retenir, appelle son agence pour finir la soirée dans une fête entre hommes où elle devra accomplir un numéro lesbiens avant d'enchaîner les hommes. Déprimant et empêchant tout sentiment d'attendrissement pour ces femmes. Que la prostitution soit présentée comme une spirale infernale à la limite de la dépendance est une chose. Qu'on nous montre des femmes ne faisant rien pour en sortir et plongeant même dans ce milieu sans raison en ai une autre. <br /> <br /> <br /> Par chance, la réalisatrice nous évite une mise en scène tire larme. Ambiance sobre, sans musique (sauf tout à la fin, la musique débordant sur le générique restant une excellente manière de suggérer le gang bang). La mise en scène est quasi documentaire, du grain plein la pellicule, sans effet de mise en scène. La réalisatrice privilégie un style cru, brut, par de long plans séquences marquant à la fois un détachement envers ses personnages (peu de gros plans) tout en collant au plus prêt à leur intimité. Pris individuellement (sans se référer au n'importe quoi misérabilisme du récit), les scènes fonctionnent et parviennent souvent à toucher. Le plan final, mais aussi le moment où Or regarde en pleurant sa mère se maquiller (sa mère restant presque hors champs, seule son épaule étant dans le cadre). On relèvera aussi la séquence où Ruthie drague le propriétaire des lieux et où les visages des deux personnages en sont même pas dans le cadre, comme pour se détourner des émotions mais aussi souligner la banalité d'une telle scène dans la vie de Ruthie tout comme celle de nombreuses femmes. Ce minimalisme de la mise en scène est donc pertinent mais peu également apparaître comme un manque de précision, certaines scènes ne semblant pas cadrée du tout (sur ce point, on laissera chacun se faire sa propre opinion).<br /> Enfin, n'oublions pas de saluer le jeu des actrices Ronit Elkabetz et Dana Ivgy, au diapason avec le style épuré du film, et dont au aurait aimé qu'elle soit au service de personnages mieux écris (on ignore trop de choses sur elles) pour mieux nous toucher. <br /> <br /> <br /> La Caméra d'Or de Cannes 2004, malgré des intentions louables (parler de l'exploitation sexuelle de la femme en Israël : c'est la réalisatrice qui le dit), reste un film trop austère et trop mal écris pour être honnête.<br /> <br /> <br /> NOTE : 2/6
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