MEURTRE MYSTERIEUX A MANHATTAN de Woody Allen (1992)
Avec : Alan Alda , Woody Allen , Anjelica Huston , Diane Keaton , Jerry Adler , Joy Behar , Ron Rifkin
Alors qu'elle s'apprêtait à fêter ses 28 ans de mariage, une femme est retrouvée morte aux côtés de son mari à peine ému. Leurs voisins, des intellectuels new-yorkais aisés, soupçonneux entament une enquête pleine de péripéties.
Pensées subjectives
Un film qu’il faut situer dans son contexte historique, au moment où Allen quitte Mia Farrow quelques temps avant le tournage pour vivre avec la jeune fille adoptive de cette dernière, Soon Yi. Sans cet événement capital, c’est Mia Farrow qui aurait du tenir le rôle principal et non pas Diane Keaton. Pour éviter les scandales dans la presse, Allen offrit le second rôle féminin à Anjelica Huston, alors qu’il était écrit pour une fille beaucoup plus jeune.
On le comprend, le scénario a été écrit pendant sa période de crise avec Mia Farrow, et comme Allen travaille toujours au plus près de lui-même, sa vie se répercute dans le récit. Il s’agit dans ce film d’un couple plombé dans la routine et proche de la faillite. Mais comme on le sait, le cinéaste a beaucoup d’humour et a la géniale idée de transposer la crise sur un ton de comédie qui ne transpirera d’aucune aigreur.
« Meurtre mystérieux à Manhattan » se profile comme une pause dans la filmographie du cinéaste, dans un retour aux sources de la comédie, du cinéma de son enfance et de Diane Keaton, avec qui il collabore ici pour la septième fois. A l’époque, dans « Annie Hall », le cinéaste avait d’ailleurs projeté d’en faire une enquête policière. On était habitué aux hommages de Woody Allen pour le cinéma qu’il aimait : Bergman, Fellini, les Marx Brothers, mais ici, il va faire référence à un autre cinéma, celui de Hictchcok, de Welles et de Wilder. D’abord Hitchcock et « Fenêtre sur cour » dont ce « Meurtre Mystérieux » tire toute sa parodie. Ensuite Welles et la dernière séquence explicite évoquant le jeu de miroir de « La dame de Shangaï ». Entre les deux, une autre séquence explicite évoque « Assurance sur la mort » de Billy Wilder.
Evidemment quelle joie de retrouver Keaton et Allen côte à côte. Ce couple fonctionne à merveille et on sent qu’ils se connaissent par cœur. Le ton est très drôle avec un dialogue qui fait mouche à chaque phrase, avec des références que l’on connaît très bien chez cet auteur : « Quand j’écoute du Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne».
Cinématographiquement, Allen a su rebondir sublimement sur la crise qui envahissait sa vie. Plus film d’auteur que ça, tu meurs.