2046 de Wong Kar-Wai (2003)
Avec:
Tony Leung, Gong Li, Zhang Zihi, Chan Chen, Faye Wong, Maggie Cheung, Carina Lau, Takuya Kimura, Lau Kar-ling,
Synopsis
Il était écrivain. Il pensait écrire de la science-fiction, mais il écrivait sur le passé. Dans son roman, un mystérieux train partait de temps en temps pour 2046. Tous ceux qui allaient là-bas étaient mus par la même intention... retrouver leurs souvenirs perdus. Certains affirmaient qu'en 2046 les choses étaient immuables. Personne ne pouvait en être sûr. En tout cas, nul n'en était jamais revenu. Sauf lui. Il voulait changer.
Mon avis
« Tous ceux qui se rendent en 2046 sont mus par la même intention... retrouver leurs souvenirs perdus. Car en 2046, rien ne change jamais. Personne n'est sûr que c'est vrai, parce que personne n'en est jamais revenu- sauf moi. Car j'ai vraiment besoin de changer. » Un dialogue d'entrée qui indique clairement les volontés de l'auteur, exprimant comme dans l'ensemble du cinéma asiatique, une sainte horreur de l'immobilisme. Et pourtant le personnage principal interprété par Tony Leung est loin, très loin, proche du K.O., du pessimisme le plus absolu et de l'immobilisme marécageux. Une grande histoire d'amour brisée, celle de « In the mood for love » avec Maggie Cheung a entraîné Tony Leung vers les bas-fonds, vers le mensonge sur lui-même au travers d'une écriture faussée. « 2046 », une suite magnifique du sublime « In the mood for love », en forme de remise en question, de miroir rédempteur. « 2046 », chiffre symbolique à multiples facettes : Un numéro de chambre d'hôtel où l'on a connu l'amour le plus intense, la fin d'un pacte de cinquante années de non intervention de la Chine sur Hong Kong après la rétrocession en 1997 de ce territoire britannique. « 2046 », une course effrénée à la recherche de l'âme sœur improbable, presque vaine, car la rencontre doit arriver au bon moment : une seconde trop tôt, une seconde trop tard, et rien ne se passe d'autre que la médiocrité quotidienne de la vie. Celle des rencontres éphémères, animales, celles que la mémoire ne retiendra pas. Wong Kar-Waï dissèque le sentiment amoureux dans le tremblement, le déséquilibre, sans tomber dans le pessimisme noir. La soif de vie reste intacte, et ce film en est la preuve, puisqu'il tente de survivre aux démons d' « In the mood for love ». Un bon conseil, regardez « In the mood for love » avant de voir celui-ci, sinon cela risque d'être infiniment difficile pour la compréhension. Et pour colorer cette œuvre majestueuse, des femmes actrices magnifiques, symboles suprêmes de l'héroïne de Hong-Kong d'hier et d'aujourd'hui : Maggie Cheung, Gong Li, Zhang Ziyi, Faye Wong, avec une note toute particulière pour Gong Li qui parvient un instant, par son jeu très dense, à faire oublier l'inoubliable Maggie Cheung de « In the mood for love ». Même le personnage joué par Tony Leung a failli se prendre au jeu un moment. Lui est tout bonnement sublime, très mature, dans son personnage faussement détaché rempli de tristesse. Chef-d'œuvre, je ne sais pas, mais ça s'en rapproche chaudement !
Je classe ce film dans mon top 10 de l'année de production 2003 :
1. "Spider-man 2" de Sam Raimi
2. "2046" de Wong-Kar Waï
3. "L'effet papillon" d'Eric Bress et J. Mackye Gruber
4. "L'esquive" d'Abdellatif Kechiche
5. "Le secret des poignards volants" de Zhang Yimou
6. "La passion du Christ" de Mel Gibson
7. "Le village" de M Night Shyamalan
8. "2 sœurs" de Kim Jee-Woon
9. "Eternal sunshine of the spotless mind" de Michel Gondry
10. "L'armée des morts" de Zack Snyder