LE SILENCE DES AGNEAUX de Jonathan Demme (1990)
Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Anthony Heald, Ted Levine, Frankie Faison, Kasi Lemmons, Brooke Smith, Paul Lazar, Dan Butler, Lawrence T. Wrentz, Don Brockett, Frank Seals Jr., Stuart Rudin,
Synopsis
Clarice Starling, jeune stagiaire du FBI, est designée pour enquêter sur une série de meurtres épouvantables commis dans le Middle West par un tueur de femmes psychopathe connu sous le nom de Buffalo Bill.
Avis
Vraisemblablement un des scénarios les mieux élaborés de ces vingt dernières années. Pour moi, c'est dans cette construction de récit très précise que se situe toute la force de cette oeuvre, inscrivant l'épouvante au sein du genre policier. Il faut dire que Demme et son équipe se sont lancés dans de longues recherches avant de commencer à tourner et qui ont abouti à la naissance de James " Buffalo Bill " qui est en fait un mélange de trois tueurs en série ayant existé. Le personnage interprété brillamment par Anthony Hopkins, Hannibal Lecter est également très bien construit car l'horreur et la très grand courtoisie coéxistent en lui. Lorsque Jonathan Demme s'empare du projet, il décide de faire appel à Hopkins, jusque là cantonné au répertoire shakespearien. Demme l'admire depuis « Elephant Man » de David Lynch, dans lequel Hopkins incarnait le docteur Treves. Lorsque l'acteur s'étonne de la comparaison entre Lecter et Treves, qui était un homme profondément humain, Demme lui répond: "C'est exactement comme ça qu'il faut imaginer Lecter". Ce personnage ainsi que son interprétation est certainement un élément clé de la qualité et du succès de ce film et l'on peut voir à quel point Jonathan Demme est un excellent directeur d'acteur également (Voir également après l'avis les propos du réalisateur pour le choix de Jodie Foster). Derrière un bon scénario, un riche dessin des personnages donc, comme souvent dans les très grands films. Jonathan Demme, ici plus que jamais marche sur les traces de ceux qu'il a adorés : Hitchcock et Lynch, dans leur maîtrise totale des codes cinématographiques de narration. Comme je l'ai écrit dans un autre article, pour moi, Hitchcock, au même titre que Welles, est même l'un des inventeurs du code de narration cinématographique. Et l'on peut dire que « Le silence des agneaux » n'a vraiment pas à rougir de la comparaison. Le film fut l'un des rares avec « New York-Miami » de Franck Capra en 1934 et « Vol au-dessus d'un nid de coucou » de Milos Forman en 1975, à avoir remporté les 5 oscars majeurs : meilleur film, meilleur réalisateur (Jonathan Demme), meilleur acteur (Anthony Hopkins), meilleure actrice (Jodie Foster) et meilleure adaptation (Ted Tally).
Jonathan Demme : « Dans la plupart des films le héros est un homme. En faisant du héros une femme, on fait quelque chose de différent, et le simple fait d'être différent est un plus. Vous vous éloignez du cliché. Les femmes sont considérées comme étant vulnérables. Or, en mettant une personne vulnérable dans une situation qui nécessite de l'autorité, on obtient une très forte dynamique émotionnelle".