SERIE NOIRE d'Alain Corneau (1978)
Avec Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier, Jeanne Herviale, Andreas Katsulas, Charlie Farnel, Samuel Mek, Jack Jourdan, Fernand Coquet,
Franck, représentant de commerce, traîne son existence minable dans la triste banlieue parisienne. Ce porte-à-porte laborieux lui fait rencontrer Mona, dix-sept ans. Ils se découvrent un même but : fuir leur morne condition, quitte à employer les moyens les plus... expéditifs !
Mon avis
Pas de doute, la disparition de Dewaere est comme un coup de couteau dans le cinéma français qui ne s'en remettra jamais tout à fait. Acteur sans limite, son interprétation dans « série noire » est l'une des plus folles et bouleversantes du cinéma. Un cadeau somptueux que lui offre Alain Corneau dans son adaptation pour le grand écran d'un roman de Jim Thompson intitulé « Hell of a woman ». Cet auteur américain fut l'un des scénaristes des « Sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick et a pu voir transposés sur grand écran certains de ses écrits : Le « Guet-apens » de Sam Peckinpah, Les « Arnaqueurs » de Stephen Frears ou encore le « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier.
Un grand auteur pour du grand cinéma ! Du grand Corneau qui réussit magistralement à adapter une atmosphère américaine à un style plus français.
Retenons le cinéaste Bertrand Tavernier qui ne tarit pas d'éloges sur le « Série noire » d'Alain Corneau. Dans un entretien accordé au magazine « Le Point », celui qui a déjà adapté une oeuvre de Jim Thompson avec « Coup de torchon » explique : "Difficile de trouver les mots, les phrases exactes pour décrire ce que l'on ressent physiquement après « Série noire », tant on en sort épuisé, lessivé... Comme si l'on avait réellement participé à tout ce qui vient de se dérouler sur l'écran. Comme si l'on avait vraiment mené avec Patrick Dewaere, en même temps que lui, cette course haletante qui, par son lyrisme du sordide, sa poésie du dérisoire, renvoie directement à la fuite vertigineuse de Richard Widmark dans "Les Forbans de la nuit..." Mêmes personnages fantomatiques, étrangers à ce qui les entoure, prisonniers de leurs rêves, même angoisse métaphysique."